• On aura qu'à dire qu'on fait semblant, que c'est un rêve.
    On aura qu'à dire que je joue la femme et toi l'homme.
    J'aurais qu'à faire comme si je te tuais, et toi comme si tu ne pouvais pas vivre sans moi.
    On aura qu'à faire comme si nous étions unique,comme si nous étions fait l'un pour l'autre.
    T'auras qu'à faire comme si tu croyais à tous ces mensonges, et moi comme si je n'en doutais pas.
    On aura qu'à faire des projets sur l'avenir .
    T'auras qu'à faire semblant de m'aimer juste un peu.
    Je te promes que moi aussi je te mentirais.
    J'aurais qu'à jouer à la maman, et toi au papa.
    On aura qu'à se construire une petite vie monotone.
    On aura qu'à faire semblant de sourire.
    On aura qu'à choisir la maison ensemble, et puis faire des enfants pour combler nos silences.
    T'auras qu'à me tromper avec ta secrétaire.
    J'aurais plus qu'à le découvrir.
    T'auras qu'à me dire "c'est pas ce que tu crois!"
    J'aurais plus qu'à oublier un peu, et faire pareil.
    On aura qu'à faire comme si on s'aimait encore, et puis un autre n'enfant.
    On aura qu'à vieillir ensemble encore, et à continuer de sourire.
    On aura qu'à  faire comme si on avait réussi notre vie.
    On aura qu'à jamais le dire qu'on a l'a gâchée.
    Peut être que si on en a marre, on aura qu'à faire comme si on se séparait, et puis comme si on ne pouvait pas se passer l'un de l'autre.
    J'aurais qu'à mourir la première.
    Et toi t'auras qu'à pleurer toutes les larmes de ton corps avec nos enfants du silence.
    Et puis t'auras plus qu'à faire comme si la vie sans moi n'avait plus de sens.
    Mais si tu veux, on échange, et tu meurs le premier.

    Dis, tu veux jouer avec moi?
    Avina


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  • mots. Ou non-dits. Peut-être.
    Ou peut-être pas.
    Silence.
    Fin


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  • "Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
          Ce beau matin d'été si doux:
    Au détour d'un sentier une charogne infâme
          Sur un lit semé de cailloux,

    Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
          Brûlante et suant les poisons,
    Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
          Son ventre plein d'exhalaisons.

    La soleil rayonnait sur cette pourriture,
          Comme afin de la cuire à point,
    Et de la rendre au centuple à la grande Nature
          Tout ce qu'ensemble elle avait joint;

    Et le ciel regardait la carcasse superbe
          Comme une fleur s'épanouir.
    La puanteur était si forte, que sur l'herbe
          Vous crûtes vous évanouir.

    Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
          D'où sortaient de noirs bataillons
    De larves , qui coulaient comme un épais liquide
          Le long de ces vivants haillons.

    Tout cela descendait, montait comme une vague
          Ou s'élançait en pétillant;
    On eût dit que le corps, enflé d'une souffle vague,
          Vivait en se multipliant.

    Et ce monde rendait une étrange musique,
          Comme l'eau courante et le vent,
    Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
          Agite et tourne dans son van.

    Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
          Une ébauche lente à venir,
    Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
          Seulement par le souvenir.

    Derrière les rochers une chienne inquiète
          Nous regardait d'un oeil fâché,
    Epiant le moment de reprendre au squelette
          Le morceau qu'elle avait lâché.

    Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
          A cette horrible infection,
    Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
          Vous, mon ange et ma passion!

    Oui!telle vous serez, ô la reine des grâces,
          Après les derniers sacrements,
    Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
          Moisir parmis les ossements.

    Alors, ô ma beauté!dites à la vermine
          Que vous mangera de baisers,
    Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
          Des mes amours décomposés!"


                                        Charles Baudelaire


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  • "Petite voleuse de temps"

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